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DD65 - "La situation est dramatique" : Avec 15 postes non pourvus, la MAS du Val d’Azun pourrait fermer une unité de vie pour personnes polyhandicapées et lance un appel.

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Direction, responsables de l'APF France handicap des Hautes-Pyrénées, salariés et représentants des familles militent pour recruter de nouveaux soignants au chevet des personnes en situation de handicap dans un cadre somptueux. / Photo A.B.

L’établissement médico-social géré par APF France handicap qui accompagne 52 personnes dépendantes souffre d’un manque de personnel avec 15 postes vacants sur les 70 professionnels du site.

Même l’intérim ne suffit plus pour assurer la sécurité de tous. La direction lance un appel aux candidats.

Cerclé de sommets coiffés de blanc, le Val d’Azun offre ses plus beaux attraits en ce début de printemps. Un décor féerique qui pourtant ne suffit pas à la MAS du Val d’Azun à Arrens-Marsous. L’établissement médico-social, géré par APF France Handicap, est symptomatique des difficultés qui accablent le secteur médico-social. La maison d’accueil spécialisée qui accompagne 52 personnes en situation de polyhandicap, avec des infirmités aussi bien motrice, que cérébrale ou psychologique, fait face à un manque de personnel qui pose la problématique de la sécurité de tous.

 

Direction, responsables de l'APF, salariés et représentants des familles militent pour recruter de nouveaux soignants au chevet des personnes en situation de handicap dans un cadre somptueux. / Photo A.B.
Direction, responsables de l'APF France handicap, salariés et représentants des familles militent pour recruter de nouveaux soignants au chevet des personnes en situation de handicap dans un cadre somptueux. / Photo A.B. NR - ANDY BARREJOT

 

Sur les 70 professionnels de l’établissement, 15 postes sont vacants, sans compter les personnels paramédicaux pour lesquels la structure conventionne avec des libéraux. "Ces personnes sont les plus vulnérables que la société puisse connaître. Elles ont besoin d’un accompagnement pour tous les actes essentiels de la vie, explique la directrice Camille Hervé-Quincy. Aujourd’hui, le risque à moyen terme, c'est qu’une unité de vie ne ferme. On travaille déjà sur des solutions, en gelant par exemple des places dans les autres structures gérées par APF France Handicap, au détriment de nos finances. Mais on ne pourra trouver des solutions en interne pour la dizaine de personnes qui ne pourraient plus être pris en charge."

L’intérim se généralise, mais ne suffit plus

Des difficultés de recrutement et de ressources humaines accentuées par la crise sanitaire. "20 % des personnels restent oubliés du Ségur alors qu’on est en fond de vallée, ce qui occasionne des frais de temps, d’argent, poursuit la directrice. Il y a eu un dégoût avec des salaires loin de l’investissement. On a vu beaucoup de personnels aussi diminuer leur temps de travail ou quitter leur poste puis se mettre en intérim avec ainsi des indemnités kilométriques. Ces traitements différents peuvent occasionner des tensions au sein des équipes et nuisent à l’accompagnement des personnes." Le recours à l’intérim, indispensable (certaines unités de vie ne fonctionnent qu’avec des intérimaires), est parfois "difficile, car ces personnels ne connaissent pas les personnes et ne peuvent pas tisser ce lien de confiance, ajoute Cécile, soignante et déléguée du personnel. Ils ne peuvent pas non plus travailler en sérénité, dans la durée, sur les projets de vie de chacun. Et c’est aux titulaires de pallier ça. Ils s’épuisent, y compris moralement." Un recours à l’intérim qui peut aussi être source d’événements indésirables, en hausse.

"Un cadre de travail exceptionnel"

Alors direction, association, familles, tentent de séduire de nouveaux candidats, pour recruter en urgence entre 5 et 6 personnes d'ici à trois mois. "On est ici dans un lieu de vie, pas qu’un lieu de soins. C’est enrichissant tous les jours, s’accordent direction et salariés. Il y a toute une vie sociale, des activités, des animations, des séjours adaptés, de la vie. On est soutenu par la mairie d’Arrens-Marsous dans un village très tourné vers l’inclusion des personnes en situation de handicap. La municipalité a en projet l’installation d’une microcrèche, d’une navette pour relier Argelès, afin de réduire les freins à l’embauche et à l’installation de personnel." Et la directrice de poursuivre : "On a un cadre de travail exceptionnel qui concilie vie privée et professionnelle, avec une semaine de congé tous les mois et demi, un week-end de permanence par mois, des journées et semaines continues, des primes aussi, avec un taux d’encadrement imbattable d’un personnel pour trois personnes accompagnées." "Point important, on n’est jamais rappelé sur nos jours de congé" précise Cécile.

Un observatoire des tensions en ressources humaines a été mis en place pour dégager des tendances et anticiper. "Mais les indicateurs s’aggravent et la situation est dramatique. On crée des partenariats avec les IFSI, les écoles, France Travail. C’est dommage, car il y a une vraie technicité, avec un fonctionnement semi-hospitalier, une diversité de gestes qui est très gratifiante au niveau de l’expertise métier. On est aussi très bien doté, avec par exemple toutes les chambres équipées de rails. On cherche aujourd’hui nos collaborateurs de demain, motivés, qui ont une appétence pour l’humain. Ces personnes qui veulent un métier qui a du sens, on peut les intégrer et les former."

"Un échec collectif de notre société"

Pour Odile Le Galliotte, directrice de l’association APF France handicap, cette situation est "un échec collectif de notre société. Comment accompagner dignement les plus vulnérables, ces citoyens qui ont les mêmes aspirations et les mêmes droits que tous, mais ont une dépendance. C’est tout un secteur qui est en grande souffrance et laissé à l’abandon, alors qu’on doit leur donner les moyens de mener une vie digne." "Ce sont des personnes qui donnent du sens à nos vies et à notre travail. Mais on se sent seul, appuie Camille Hervé-Quincy. On accueille des gens qui peuvent être vous et moi, demain. Certains sont devenus dépendants suite à un accident. Ils aimeraient être correctement traités."

Article du journal "La Dépêche du Midi" du 03/04/2024.

Commentaires

  • peut-être qu'avec moins d'avantages de temps de pauses aux intérimaires et plus pour ceux qui sont a plein temps

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